Les jeux vidéos sont-ils seulement abrutissants et addictifs ou bien peuvent-il être des divertissements utiles ? Commençons par le positif. Par MAXIME LACOMBE

Les chercheurs américains Shawn Green et Daphne Bavelier ont travaillé sur notre capacité d’attention visuelle, c’est-à-dire les capacités de sélection de certaines informations de notre environnement. Ce sont donc notamment celles qui nous permettent de nous concentrer sur un certain élément visuel dans un environnement, comme une cible lointaine dans un jeu d’action. Leurs conclusions indiquent que les amateurs de jeux vidéo sont plus efficaces que les non joueurs pour repérer un élément précis dans l’espace.

De même, un joueur de jeux d’action sera plus efficace qu’un joueur de jeu de réflexion en termes de capacités d’attention visuelle. Ainsi, le jeu Medal of Honor, utilisé dans leurs recherches, développe cette capacité, mais Tetris améliore d’autres aptitudes, notamment le temps de rotation mentale, c’est-à-dire la capacité à se figurer mentalement un élément dans des positions différentes dans l’espace, afin ici de les agencer au mieux pour gagner des points.

Une autre étude devenue célèbre a comparé des chirurgiens joueurs et non joueurs. Elle a mis en lumière que ceux pratiquant deux heures de jeux vidéo étaient ensuite statistiquement 33 % plus rapides et 37 % moins susceptibles de faire des erreurs que ceux qui ne jouaient pas. Les jeux d’action ont en effet la capacité d’améliorer tant les réflexes que la précision des gestes puisque la performance sur le jeu en dépend grandement. Que ces améliorations aient alors un impact sur d’autres activités courantes n’est pas étonnant. Cela l’est moins encore lorsque l’on sait que le jeu, de manière générale, est une composante essentielle de l’apprentissage au plus jeune âge et qu’il le reste à l’âge adulte.

Éduquer et se former

Les jeux vidéo sont aussi de puissants moyens d’échanger avec autrui, les jeux multijoueurs s’étant largement démocratisés. Ils sont donc autant un moyen de jouer avec des personnes d’autres régions du monde que de rencontrer ceux qui sont plus proches. Ce sont aussi des expériences communes possibles entre amis ou en famille. Dès lors qu’il est nécessaire de jouer ensemble, ils enseignent à communiquer, coopérer, élaborer une stratégie commune avec les autres joueurs ou joueuses.

On peut noter que le monde médical et le monde éducatif s’intéressent de plus en plus à ce que pourrait apporter les jeux vidéo, notamment les jeux dits « sérieux ». Dans l’éducation, le jeu rend actif l’élève et a donc tendance à le garder motivé, quand bien même il peut être surpris au départ par cette pédagogie peu courante. L’idée est d’apprendre par un moyen différent certaines notions de façon interactive et quelque peu ludique, y compris si le thème est sérieux.

Dans le même esprit, cela fait maintenant bien des années que les jeux de simulation sont d’efficaces moyens de se former à certaines professions. Le simulateur de vol en est l’exemple le plus canonique et est actuellement un passage obligé pour tout pilote s’il souhaite poursuivre son métier. Cela pourrait très bien être imaginé aussi, à l’avenir, pour les conducteurs automobiles puisqu’il existe le même type de simulateurs pour les voitures. Ce qui, en effet, révolutionnerait quelque peu le passage du permis en permettant à tout un chacun de s’exercer seul avant de prendre en réalité le volant.

Finalement, si certaines choses sont apportées au travers de l’expérience, il ne faut pas perdre de vue que les jeux vidéo, comme tout autre jeu, sont d’abord dans la majorité des cas un divertissement. Tout un chacun, d’ailleurs, ne le considère que rarement autrement. Il ne faut néanmoins pas nier les risques qui existent à l’heure où le réalisme des jeux est toujours plus grand et où les casques à réalité virtuelle promettent une immersion totale. Ce que nous verrons dans notre prochaine chronique. 

Maxime Lacombe

Illustration : Une manette de jeux vidéos. | DR