Les mondes les plus différents

À l’heure où les magazines commencent à vous présenter les festivals de l’été et à vous parler des destinations incontournables ; à l’heure où le métro commence à se couvrir d’affiches pour partir loin et pas cher ; à cette heure grave où on sent les vacances approcher : je vous parle de Paris. Mais de voyage à Paris. Par MATHIAS JORDAN

Dans la grande tradition du cosmopolitisme de la Ville Lumière, disons qu’elle accueille toutes les nations de la Terre. Ou presque. Il y a du moins de bons moyens de toucher du doigt d’autres cultures, d’autres horizons sans quitter les rives de la Seine, à la manière des expositions universelles qui étalaient les pavillons étrangers dans un délire de style caricatural mais représentatif le long du fleuve, jusqu’à symboliser et concentrer les affrontements idéologiques des années 1930. Je parle ici de cette image désormais connue des pavillons soviétique et nazi qui se faisaient face en 1937, encadrant une Tour Eiffel trop Belle époque, mais bien plus élancée et gracieuse.

Capitale oblige, le monde s’est installé à Paris. Les ambassades et les centres culturels vous permettront de vous échapper. Pour les ambassades, on ne vous demande pas d’avoir la chance d’être invité à une réception pour la présentation d’un festival d’hiver ou pour un déjeuner de presse… Il suffit de noter dans vos agendas ce week-end de septembre nommé les Journées du patrimoine (les 16 et 17 septembre prochains).

Vous pourrez vadrouiller dans des hôtels particuliers sublimes, découvrir l’Hôtel de Galliffet pour l’Italie et l’OCDE, l’ambassade de Pologne et ses boiseries, celle de Roumanie et son théâtre néo-byzantin, et son escalier digne d’un château de Dracula. Ou encore la résidence de l’ambassadeur de Russie, redoré à l’extrême dans un kitsch nouveau riche exalté. Ces lieux secrets ont chacun un trait de caractère de leur pays, en plus d’être des joyaux parisiens cachés.

« Les meilleurs Américains meurent à Paris »

Aux ambassades se greffent les centres culturels. Là encore, un moyen de vous échapper dans une autre culture avec des micro-événements toute l’année. Entre les expositions photos, les conférences sur la littérature du pays ou le théâtre avant-gardiste dans une langue que vous ne connaissez pas, l’exotisme y est à son paroxysme. Entre office de tourisme et repère de nationaux en mal de pays, les centres culturels sont souvent bien placés ou bien logés. Prenez le centre culturel suédois, au cœur du Marais : un hôtel magnifique, et surtout un jardin et une pelouse malheureusement fermés au public cet été.

Il vous reste le centre finlandais en face de Cluny pour se sentir chez Ikea, mais en plus select. Ou le centre danois (encore un scandinave) sur les Champs-Élysées, oui Madame ! L’endroit est plaisant si vous aimez visiter une exposition de design absolument vide. Toujours dans la culture, la Cité universitaire est elle aussi bien vivante avec ses maisons-pavillons dédiés, pour une visite architecturale, sans oublier des soirées concert et théâtre…

Mais passons aux choses sérieuses. Comment mieux voyager que par son estomac ? Et là, inutile de vous faire un dessin : à Paris vous êtes servis. Rue Sainte-Anne pour voyager au Japon, derrière la Gare du Nord pour se croire à New Dehli, une pizzeria délicieuse porte Saint-Denis pour être vraiment en Italie, ou derrière la Place d’Italie pour voir la Muraille de Chine, en plus du nouvel an chinois. Sans oublier dans cette litanie les rayons extraordinaires de la Grande Épicerie au Bon Marché. Délice des yeux, voyage gastronomique.

Paris, c’est le monde, en somme. Une phrase absurde que j’ai osé dire lors d’un oral. Il semblerait que ce soit vrai. Par les universités, par les touristes, par la présence des autres nationalités, qui nous renvoient nos défauts de Français et nous rappellent à nos habitudes de la baguette et de la bonhommie de bon-vivant. « Ils viennent pour cela », me direz-vous. Car à notre tour d’être ces exotiques, ces drôles. On nous regarde, on va même jusqu’à nous copier.

Oscar Wilde n’a-t-il pas écrit que « les meilleurs Américains meurent à Paris » ? En bref, il a résumé l’attraction de Paris et sa capacité à accueillir en son sein le monde, dans toute sa diversité. De Marlène Dietrich, l’Allemande parisienne, à Noureev ou Lénine, les Russes exilés, en passant par Brancusi, le Roumain, ou Dali et Picasso, les Espagnols fougueux, la richesse s’est toujours concentrée ici-bas, notamment au service de l’art, de la beauté. Le résultat : regardez autour de vous… 

Mathias Jordan

Illustration : Pavillons des nations lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris. | Wikimedia Commons

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